PROFESSIONS LIBÉRALES : 2023 S’ANNONCE COMME UNE ANNÉE CHARNIÈRE
« Professions libérales : vers une nouvelle expérimentation ». Voilà pour le thème de la table-ronde initiée par l’URAPL Occitanie et qui rassemblait, le 27 janvier dernier à Montpellier, de nombreux invités de marque.
L’occasion de débattre, entre experts (et en présence d’un public venu nombreux) de l’avenir d’un exercice souvent incompris, sinon mal compris… et pourtant symbole d’une société qui change à toute allure.
Les experts
➡️ Michel Picon, Président de l’Union Nationale des Professions Libérales (UNAPL) et vice-président de l’Union des Entreprises de proximité U2P
➡️ Jean-Paul Eyraud, Président de la Conférence des ARAPL, rassemblant les 13 Associations Régionales Agréées des Professions Libérales en France
➡️ Caroline Barazal, Directrice Générale de l’ARAPL Occitanie
➡️ Kristel Mallejac, Directrice de l’Office Régional d’Information, de Formation et de Formalités des Professions Libérales – LR –
➡️ François Hiebel, Directeur régional de l’Urssaf LR
Derrière le lieu choisi pour abriter cette table-ronde, tout un symbole. C’est en effet au sein de la Maison des Professions Libérales de Montpellier, à l’endroit même où, un quart de siècle plus tôt (1989), se créait en région le tout premier lieu destiné à rassembler l’intégralité des acteurs clés de l’écosystème libéral, qu’une nouvelle page se tourne. Car bien plus qu’une table-ronde, et bien au-delà de la présence d’éminents représentants régionaux et nationaux, c’est le motif de cette soirée qui devra retenir notre attention : une nouvelle expérimentation.
« Une nouvelle expérimentation »
Trois temps forts auront marqué cette soirée, à commencer par la signature très attendue entre l’Union des Auto-entrepreneurs (UAE) et la Conférence nationale des ARAPL, d’un partenariat visant à apporter aux auto-entrepreneurs – dont on sait qu’ils sont chaque année de plus en plus nombreux – un accompagnement renforcé, des services sur-mesure et, pour reprendre les termes de Jean-Paul Eyraud, Président de la Conférence des ARAPL, « plus de crédit ». Son souhait, il l’aura d’ailleurs exprimé clairement : « que ce soit simple et rapide ». Et de citer derechef une communauté d’indépendants au dénominateur commun – l’envie d’entreprendre – mais aux réalités diverses. « L’auto-entreprise est plébiscitée par tous : du salarié privé d’emploi qui y trouve un moyen de subsistance, à l’entrepreneur qui veut tester son concept en passant par le salarié en activité ou le retraité qui cherche un complément de revenus. Il y a aussi toutes celles et ceux qui, grâce à ce régime, créent des passerelles entre l’emploi qu’ils quittent et celui qu’ils/elles espèrent retrouver, souvent dans une démarche de reconversion d’ailleurs », analyse-t-il.
« Tous ces gens, on ne peut pas les ignorer »
renchérit Caroline Barazal. Directrice Générale de l’ARAPL Occitanie, c’est à elle que reviendra la présentation d’un tout nouveau parcours d’accompagnement imaginé comme une offre globale. C’est d’ailleurs dans cette logique que le logo d’un autre acteur de la soirée, l’ORIFF PL (représenté sur notre territoire par Kristel Mallejac) apparait alors. « La plupart des auto-entrepreneurs que nous recevons dans le cadre de nos permanences paniquent à l’évocation d’une déclaration 2035, d’un bilan comptable, n’ont pas de fiche de paie et n’ont pas encore acquis la confiance et la carrure d’un chef d’entreprise. C’est pourquoi on se doit de les aider pour muscler tout cela », explique Carole Barazal. « C’est autant plus important qu’ils choisissent de se construire un avenir à travers la création de leur propre activité alors qu’hélas, la société leur renvoie un signal de défiance. Je pense aux banques ou aux propriétaires frileux devant l’absence de fiches de paie, par exemple », précise-t-elle.
Une offre globale, multithématique
C’est pourquoi l’offre globale présentée en direct au public réuni ce soir-là dévoilera un parcours dont on découvre qu’il est prévu sur 12 à 18 mois, qu’il intègre une première étape (une information collective d’1h), une formation express en 5 jours par l’ORIFF PL (au cours de laquelle chaque auto-entrepreneur bénéficiera des meilleurs conseils pour construire son projet) et la possibilité, en conclusion, d’aborder les questions plus particulières grâce à un rendez-vous individualisé. Une fois lancé, l’entrepreneur profitera ensuite, grâce aux nombreux bénéfices de son adhésion à l’ARAPL, d’un suivi comptable, fiscal, mais aussi de conseils stratégiques sur des sujets essentiels comme la prospection commerciale ou encore la digitalisation. Et tout au long de sa vie d’entreprise, jusqu’à, un jour, passer sous un autre statut, il pourra compter sur les deux jours annuels (gratuits) de formation continue.
« On ne naît pas chef d’entreprise, on le devient »
« On ne naît pas chef d’entreprise, on le devient », rappelle Kristel Mallejac. « L’auto-entreprise est souvent un passage initiatique d’un statut vers un autre. Et si c’est un régime extraordinaire, il faut prendre garde à ne pas tomber dans le piège, c’est-à-dire celui qui consiste à s’y éterniser pendant des années entières ! Quid des droits qu’ils se constituent pour demain ? », interroge François Hiebel, Directeur régional de l’Urssaf LR. Pour Michel Picon Président de l’UNAPL, la réponse se trouve inévitablement dans le conseil au quotidien, dans l’accompagnement expert « et la recherche d’un équilibre » car selon lui, l’avènement de l’auto-entreprise s’explique aussi par une évidence : il répond aux aspirations de la société « et ça aussi », il faut l’entendre.
Des entreprises engagées !
Idéale transition vers le deuxième objet de cette soirée, la présentation du tout nouveau label « EILEP », désormais actif. Il sera remis aux entrepreneurs ayant apporté la preuve de leur maîtrise des réalités comptables, fiscales, réglementaires, mais aussi commerciales (e-réputation, communication…) et économiques à l’issue du parcours évoqué précédemment. Ces entreprises individuelles libérales (EIL) alors reconnues « engagées et performantes » (EP) jouiront d’un gage de confiance indispensable à leur développement, notamment face aux acteurs bancaires.
« La Covid n’a pas tué la création d’entreprise, elle l’a favorisée » – François Hurel, Président de l’UAE
Vers un guichet unique
Dernier point de la soirée et pas des moindres : l’arrivée sur le marché d’un guichet unique où trouver toutes les réponses. L’État (via l’INPI) avait effectivement pris la main, sans succès. Erreurs, omissions dangereuses, longueurs… Le temps que l’INPI revoie sa copie, les acteurs réunis ce soir ont promis d’apporter tout leur concours pour que les libéraux de France puissent disposer de cet outil indispensable (« à condition qu’il soit vraiment accessible », clament-ils en chœur) au plus vite… et dans les meilleures conditions.